Test de Fire Emblem Fates Conquête/Héritage

Reconnue dans le monde vidéo ludique comme un bijou du tactical RPG, la série Fire Emblem revient cette année en force en Europe, avec un nouvel épisode grandiose. Avec presque un an de retard par rapport au Japon (dû en grande partie à la censure de certains éléments en Europe et en Amérique), les joueurs européens peuvent enfin poser leurs mains sur ce que l’on pourrait considérer comme l’apothéose de la saga d’Intelligent Systems sur Nintendo 3DS. Et ce, d’une manière pour le moins rocambolesque pour les habitués de la série, car Nintendo nous propose leur dernier bijou en deux déclinaisons: Fire Emblem Fates Héritage et Fire Emblem Fates Conquête. Cette formule n’est pas sans rappeler les habituelles doubles versions de Pokémon, bien que les différences soient tout de même bien plus notoires.

Le sang ou la fidélité ?

Fire Emblem Fates vous jette en plein dans un conflit meurtrier opposant deux royaumes : Hoshido et Nohr. Le premier est largement inspiré des contrées japonaises, offrant des paysages verdoyants regorgeant de plaines fertiles et de cerisiers en fleurs alors que le deuxième est plutôt d’inspiration européenne avec un environnement à base de forêts obscures et de villes abandonnées, bref bien plus sombre qu’Hoshido. Critiquée pour le scénario jugé trop simple de Awakening, l’équipe d’Intelligent Systems a visiblement concentré ses efforts sur le scénario de ce nouvel opus, et cela marche bien. Très bien même. L’histoire se laisse aisément suivre, ponctuée de cinématiques plus belles que jamais, le tout accompagné avec brio par les musiques envoûtantes dignes des opus précédents. On regrettera cependant l’absence d’évolution, et même la légère régression des graphismes par rapport à Awakening. Cela dit, dans un tactical RPG, il s’agit d’un détail. Sans nous transcender, les graphismes restent néanmoins jolis exceptés les effets visuels accompagnant les sorts en combat.

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Toutes les informations sont affichées pour maîtriser la bataille !

Vous l’aurez deviné, le choix de la version implique le choix du royaume que vous souhaiterez défendre. En choisissant Héritage, vous vous rangerez aux côtés d’Hoshido, et serez épaulés par vos frères et sœurs de sang (Ryoma, Hinoka, Takumi et Sakura), à qui vous avez été arrachés dès votre plus jeune âge par Nohr. Tandis que dans Conquête vous ferez le choix de la fidélité à Nohr et donc à votre famille adoptive (composée de Xander, Camilla, Léo et Elise). D’entrée de jeu, on pourrait craindre un manichéisme des plus simplistes : Nohr est présenté clairement comme « le royaume des méchants » et Hoshido « le royaume des gentils ». Il est toutefois nécessaire de passer au delà de ces différences scénaristiques pour prendre pleinement conscience de la place de Kamui (ou Corrin en Europe) notre héros, au sein de ce conflit. On suit avec plaisir et souvent tristesse le dilemme qui confrontera notre héros à ses frères et sœurs, qu’ils soient de son sang ou non. Les confrontations face à votre famille montrent le plus souvent sa bienveillance et parfois sa rancœur envers le royaume ennemi pour vous avoir arrachés à eux.

La Croisée des Chemins

Pour rejoindre définitivement votre camp, il vous faudra être patient. Les six premiers chapitres de Fire Emblem Fates étant identiques pour les deux versions, le chapitre six « La Croisée des Chemins » sera le moment clé de l’histoire où vous choisirez votre camp. Ce n’est qu’après que vous entrerez pleinement dans la version choisie.

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Quel sera votre choix ?

Au-delà du scénario, les différences entre les deux versions sont surtout marquées au niveau du gameplay. En effet, chaque version a ses classes et armes exclusives. Par exemple, seul Héritage vous permettra d’enrôler des devins, des chevaliers célestes ou encore leurs supérieurs, les chevaliers kinshi, dans votre armée. Tandis que Conquête vous offrira moult paladins, bellicistes et autres mages noirs. Certains personnages sont exclusifs à une version, quand d’autres sont inclus dans les deux. De ce point de vue seulement, on peut dire que le dépaysement sera plus frappant en choisissant Héritage, surtout si vous avez joué à Awakening. Cependant, un point crucial viendra jouer dans votre choix : la difficulté. Si vous décidez de jouer à Héritage avec des options de difficulté identiques à celles que vous choisiriez sur Conquête, croyez-le, vous aurez bien moins de mal à terminer cette version. Le choix de défendre Nohr vous jette dans des batailles bien plus corsées, toujours en forte infériorité numérique, qui mettront votre réflexion à rude épreuve, surtout si vous faites le choix d’utiliser le mode classique (une unité morte… disparaît. Définitivement). A l’inverse, Héritage se montre bien plus clément : à la manière de Awakening, de nombreux défis vous seront proposés entre les différents chapitres afin de remporter de l’expérience, des armes bonus et de l’or, ce qui est pratiquement porté disparu dans Conquête. Il n’est donc pas forcément étonnant de vous retrouver en grande difficulté, et parfois de remporter la bataille avec une seule unité encore en vie. De plus, Conquête impose des objectifs de bataille plus diversifiés et plus durs que Héritage, qui vous demandera surtout des classiques : « Décimer l’ennemi » ou bien « Vaincre le boss ». Les plus inquiets pourront néanmoins activer le mode débutant, qui fait revenir vos unités perdues à la fin de la bataille, ou bien le mode phoenix (introduit dans cet opus), qui les fait revenir quelques tours après leur mort. Vous serez donc contraints de sélectionner les soldats qui vous accompagneront tout au long de l’aventure et d’en abandonner une partie. Ainsi, Héritage se veut bien plus accessible que Conquête. Ajoutons que dans les deux versions, vous pourrez modifier la difficulté choisie mais seulement pour la baisser : augmenter la difficulté est impossible.

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Takumi appréciera particulièrement peu votre trahison

Retour aux bases… mais pas trop

Laissons désormais la séparation entre Héritage et Conquête et intéressons-nous aux ajouts de gameplay : le système de jeu a subi quelques modifications par rapport à Awakening, et ce pour les deux versions, bien que la plupart des bases restent ancrées dans l’héritage de la série (telles que le système des forces et faiblesses des armes). La difficulté augmente de manière singulière avec l’apparition des duos entre les unités ennemies, méfiez-vous donc si vous jetez un majordome seul contre deux basaras en furie. Bien entendu, il est possible de faire la même chose de votre côté, à la différence que les interventions d’unités sont mieux régulées que dans Awakening. Chaque coup porté ou même subi remplit une jauge, qui une fois pleine entraîne l’intervention de votre partenaire pour annuler une attaque ennemie. Awakening laissait des interventions en duo un peu hasardeuses, bien que très fréquentes. On note également de nouveaux moyens pour changer la classe de votre personnage avec de nouvelles versions des Magisters (sceau du cœur, sceau d’union, sceau d’amitié, sceau d’héritier) qui viennent remplacer les Scolaris d’Awakening. Passons à la plus importante des nouveautés de gameplay : les veines dragunaires, que vous pouvez repérer aisément sur certaines cases lors de batailles. Elles vous permettront de déclencher diverses interventions sur le terrain telles que geler un lac pour le traverser, faire disparaître des mares d’acides ou encore solidifier de la lave en fusion. Elles peuvent également lancer une vague d’attaques blessant les unités ennemies (ou les vôtres également !) et ainsi faire office de piège. L’utilisation judicieuse des veines dragunaires est donc souvent indispensable pour remporter la victoire. Prenez cependant garde car un mauvais choix de veine peut vous coûter cher. D’autant plus que vos ennemis pourront également s’en servir ! Une seule condition sera nécessaire pour l’activer : le personnage sur la case doit être de sang royal, ce qui autorise donc Kamui, ses frères et sœurs (de sang ou non) ainsi que les enfants de ces derniers à les utiliser.

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On peut même créer des ponts !

Justement à propos d’enfants, voici un aspect qui lui n’a pas changé ! Je parle bien sûr des conversations de soutien entre les personnages. Il est possible de tisser des liens de plus en plus forts entre les personnages, et certains de ces liens peuvent aller jusqu’à un mariage ainsi qu’à des enfants (notons d’ailleurs le prétexte plus ou moins compréhensible d’Intelligent Systems pour justifier que vous puissiez enrôler ces enfants dans votre armée !). Il est ainsi toujours aussi plaisant de voir les liens se tisser entre vos unités jusqu’à la jolie déclaration d’amour (embarrassée ou non) traditionnelle de la série. Recruter les enfants de vos héros passe néanmoins par une bataille sous forme de quête annexe.

Visite de château

Une nouvelle fonctionnalité très intéressante a également été ajoutée : le mode « Mon Château ». Comme son nom l’indique, celui-ci vous propose de construire votre propre palais et de le renforcer au fur et à mesure de votre avancée dans le scénario. Votre place fait office de caserne entre chaque bataille : c’est ici que vous pourrez donner un repas à votre armée pour augmenter leurs caractéristiques, récolter certains matériaux ou acheter et forger des armes. Chaque bataille remportée vous fait gagner des Points Veines Dragunaires (ou PVD) que vous pouvez dépenser pour construire et améliorer les structures de votre château. Certaines sont essentielles pour votre avancée telles que l’armurerie ou le magasin de bâtons, tandis que d’autres sont plus optionnelles comme le magasin d’accessoires, les sources chaudes (dont l’utilité est encore recherchée) ou bien l’arène. Le jeu vous propose régulièrement des vagues d’envahisseurs à repousser pour défendre votre trône, et ainsi vous faire gagner de l’expérience et autres récompenses. Il est également possible de visiter les châteaux d’autres joueurs en ligne et de les affronter. Vous pouvez aussi rencontrer d’autres joueurs via StreetPass par le biais de la Place des Voyageurs. Il aurait été appréciable que la personnalisation du château ainsi que les interactions avec les structures et entre les joueurs en ligne soient plus poussées pour permettre à chaque joueur d’avoir une place vraiment unique. Vous pouvez également utiliser vos amiibos dans le menu dédié afin d’enrôler les unités correspondant à votre figurine. Ainsi vous pouvez accueillir Lucina, Daraen, Ike et Marth dans votre armée après les avoir affrontés et vaincus.

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Attendu pendant de longs mois par les joueurs européens, le trésor est enfin là ! Avec Fire Emblem Fates, Intelligent Systems porte la série à son plus haut niveau grâce à un joli scénario rempli de rebondissements et de sentiments, accompagné par un système de jeu, certes très similaire à Awakening, mais toujours aussi bon grâce aux ajouts non négligeables de ces versions. Ceci accompagné d’une bande-son merveilleuse qu’on se plaît à réécouter après une session de jeu. Si on regrette la légère régression des graphismes et l’intérêt plutôt limité du mode « Mon Château », on ne peut qu’être ébloui par le dernier bijou de Nintendo ! D’autant plus que Fire Emblem Fates se veut accessible à tous en proposant Héritage, clairement destiné aux néophytes et Conquête pour les habitués en manque de challenge : chacun y trouvera son bonheur. D’autant plus qu’une troisième version paraîtra prochainement sous le nom de Fire Emblem Fates Révélations dont vous pourrez retrouver notre test très bientôt. Concernant l’achat : une belle édition collector a été créée regroupant sur une seule cartouche les trois épisodes, avec également un poster, une steelbox et un artbook. Si, bien sûr, vous arrivez à mettre la main dessus. Autre bémol de ce nouvel opus : l’aventure complète coûtera cher, bien que Nintendo offre des réductions sur les jeux par des offres sur My Nintendo et sur l’Eshop (une version achetée en dématérialisé équivaut à une réduction de 40% sur l’autre version).

Note : 9,5/10

Article écrit par LaTojuana

3 commentaires sur “Test de Fire Emblem Fates Conquête/Héritage

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  1. Excellent test ! 😉 J’ai découvert la série avec Awakening que j’ai juste adoré. Je pensais donc me prendre Fates pour cet été (bien que je ne joue plus trop), d’autant plus que je trouve le scénario génial ! 😀

  2. Plutôt pratique la possibilité de baisser la difficulté si comme moi pour FE Awekening on a été trop ambitieux et on chie sur chaque chapitre à cause du mode difficile (et qu’en plus on ne veut perdre aucun perso) ! Dommage que ne soit pas réversible par contre…

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